L'histoire de Greenwich Village
Washington Square Park est bondé de monde, essentiellement de jeunes, probablement étudiants. Un groupe joue de la guitare et chante tandis que d'autres les accompagnent en fredonnant. L'ambiance semble légère, joyeuse, pleine s'espérance. Pourtant, la guerre du Vietman a déjà éclaté... C'est donc ça? Cette légèreté de vivre, l'espoir qu'une guerre s'arrête pour laisser place à la paix. Lorsque j'écris ces lignes, John Lennon me vient à l'esprit. Imagine. Pouvez-vous imaginer ce qu'était la vie à New York dans ces années là? Ce qu'était la vie dans Greenwich Village...
Greenwich Village le Montmartre de New York
Lorsque New York s'appelait encore New Amsterdam, Greenwich Village était un lieu où l'on échappait à la peste et au choléra, maladies qui se sont développées à l'époque. Au fur et à mesure, Greenwich Village est devenu un quartier à part entière. Après la 1ère Guerre Mondiale, le quartier est devenu bohème et a commencé à enfanter l'art moderne sous toutes ces formes : l'art, le théâtre et la littérature. Après la seconde Guerre Mondiale, dans les années 50/60 Greenwich devient l'épi-centre de l'avant garde dans les domaines de la musique et du théâtre. Par ailleurs, Greenwich est le berceau qui a ouvert les droits aux homosexuels de tout le pays lors de la grande décennie des années 70 (Stonewall). Si l'on devait accorder un seul mot au "Village", à cette époque il serait alors: liberté. C'est un Montmartre new-yorkais qui se développe au coeur de Manhattan : on fréquente les cafés pour discuter littérature, l'atmosphère est propice la création, à l'art. Les galeries d'art d'ailleurs, fleurissent sur Bleecker Street et les bars s'installent sur Mac Dougal.
Le 9 avril 1961, à Washington Square Park la jeunesse se soulève pour exprimer son désaccord envers la guerre du Vietnam et la tension est palpable dans le pays. Les jeunes décident de se réunir pour s'exprimer à travers la musique mais un arrêté le leur interdit. Izzy Young, gérant du Folklore Center sur Mac Dougal s'insurge, ce qui entraîne des manifestations lors desquels Izzy chante l'hymne américain, ce qui ne freinera pas la police de charger : c'est le Beatnik Riot. Plus tard, en 1969, c'est John Lennon et Yoko Ono qui se mettront le gouvernement à dos pour dénoncer la guerre du Vietnam en envoyant un message de paix via leur concept "Hair Peace, Bed Peace" ...
Le jazz bat son plein dans les soirées. Les bars, tel que le Café Wha? (qui existe toujours et que l'on aperçoit dans A rainy day In New York de Woody Allen) voient des grands noms passer : Bob Dylan, Jimmy Hendrix, Bruce Springsteen... Ceux qui seront classés parmi les plus grands de l'histoire de la musique jouent dans l'ombre de ce bar ... On se retrouve dans les caves pour écouter des poèmes, fumer de la marijuana en appréciant le rythme de la musique.
Les Beatnik sont reconnaissables par leurs looks : cols roulés, lunettes de soleil en intérieur. Les hommes laissent pousser leurs cheveux tandis que les femmes arborent des coupes courtes. Les pantalons sont moulants pour les filles, plutôt larges pour les garçons, les jupes très courtes et les t shirt rayés, à la française. La mode beatnik est pourtant plus forte qu'une tenue vestimentaire, c'est un art de vivre, une pensée.
Washington Square Park devient le QG des musiciens et le Bleecker Street Cinema fait son apparition en diffusant les films indépendants des année 60 : des films dévergondés et libres.
Mais cette image bohème se perd peu à peu et une autre population vient alors s'installer : les banquiers. Le prix de l'immobilier flambe. Les soirées privées où les femmes aiment boire, fumer, jouer de la guitare, où les artistes, les écrivains aiment se réunir, laissent place aux traders de Wall Street.
Aujourd'hui, Greenwich appartient aux bourgeois-bohèmes mais continue de vibrer la nuit pour celles et ceux qui sont à la recherche d'une ambiance festive. Bars "clandestins", friperies, concerts, Greenwich tente de garder sa place de "quartier d'artistes" dans un new-york ultra moderne. Washington Square Park accueille toujours les jeunes manifestants et restera l'emblème à jamais des jeunes révolté(e)s intellectuel(le)s...
Crédit Photo: Village Preservation